Le point de départ du gin de la distillerie du Pic Saint-Loup réside dans sa richesse botanique locale. Au-delà du genièvre, ingrédient indispensable pour tout gin, c’est le spectre olfactif et gustatif des herbes et fleurs méditerranéennes qui donne ici toute sa profondeur à la recette. Thym, romarin, sarriette, fenouil sauvage, baie de myrte, cade ou laurier : ces plantes, qui poussent littéralement tout autour de la distillerie, sont sélectionnées avec soin pour composer la base aromatique du gin.
Chaque ingrédient est récolté à la main selon la saisonnalité et la maturité optimales, puis séché lentement pour préserver son intensité aromatique. La distillerie s’approvisionne également auprès de petits producteurs locaux biologiques, garantissant ainsi une matière première d’excellence et cultivée dans le respect des sols. Cette mosaïque botanique illustre à merveille l’identité du Languedoc, un territoire sauvage et généreux, mais surtout infiniment aromatique.
Maîtriser la distillation, c’est aussi raconter une histoire. Et celle de la distillerie du Pic Saint-Loup repose sur une attention méticuleuse au moindre détail lors des passages en alambic. Ici, pas de rentabilité à tout prix : le processus est volontairement lent, pensé pour extraire la quintessence de chaque plante dans le respect de leurs propriétés aromatiques volatiles.
Le gin est distillé dans un bain-marie, une méthode douce qui évite la surchauffe des ingrédients et préserve un bouquet aromatique intense mais parfaitement équilibré. Les matières botaniques restent immergées dans l’alcool pendant une macération de plusieurs heures — voire plusieurs jours pour certaines essences plus robustes — avant la distillation. Cette patience, qui pourrait sembler anachronique dans un univers souvent ultra-technologique, a un seul objectif : produire des spiritueux où précision et finesse dominent.
Mais ce gin ne se distingue pas uniquement par sa technique maîtrisée. La véritable particularité du gin Pic Saint-Loup est qu’il ne cherche pas à imiter les grands classiques du genre, mais bien à raconter l’histoire de son propre terroir. Le Languedoc n’est pas Londres, et ici, pas question de brider la typicité des ingrédients au service d’une neutralité attendue. Les distillateurs ont misé sur une palette aromatique intense et pleine de caractère, véritable reflet de la garrigue environnante.
L’un des produits-phares de la distillerie, leur “Gin Garrigue”, est un bel exemple de cet ancrage. Il évoque sans ambiguïté une promenade sur les sentiers bordant le Pic Saint-Loup au cœur d’un été méditerranéen. Le citron ciselé flirte avec l’amertume du cade, tandis que la pungence du romarin et du genévrier vient signer la finale, comme une empreinte indélébile. Une sensation à la fois familière et étonnamment originale.
Outre son excellence aromatique, la distillerie du Pic Saint-Loup se démarque également par son engagement pour des pratiques durables. Le choix de travailler avec des producteurs bio et locaux s’inscrit dans une démarche éthique et écologique. D’ailleurs, les résidus botaniques issus de chaque cycle de distillation ne sont pas perdus : ils sont recyclés en compost ou remis directement aux agriculteurs locaux pour enrichir leurs sols.
Autre initiative remarquable : la distillerie collabore régulièrement avec des chefs et des artisans locaux pour explorer de nouveaux mariages de saveurs. Elle a notamment développé un gin à base d’une infusion de fleurs d’immortelle en partenariat avec un apiculteur voisin, ou encore une édition spéciale au miel de romarin. Ces partenariats ne sont pas seulement des coups de communication : ils traduisent un véritable partage de savoir-faire qui enrichit la vie locale et renforce l’identité du territoire.
Boutique en ligne mise à part, les bouteilles de gin Pic Saint-Loup circulent encore de manière confidentielle, souvent sur des petites niches ou dans des bars et épiceries spécialisés. Cette rareté, loin d’être fortuite, est le reflet d’un choix assumé : préserver une production artisanale de haute qualité, quitte à restreindre les volumes disponibles chaque année.
Certains chiffres donnent la température : la distillerie ne produit que quelques milliers de litres par an, bien loin des productions industrielles. Cette faible quantité est aussi un gage d’exclusivité pour les amateurs, qui savent qu’ils tiennent là une pièce presque unique dans leur collection de spiritueux. Pas étonnant que certaines éditions limitées s’arrachent en quelques jours.
Pour découvrir ce gin à la personnalité bien trempée, rien de tel que de le déguster simplement, en version neat ou avec une légère touche d’eau pour débrider les arômes. Ceux qui souhaitent s’essayer à des cocktails créatifs y trouveront aussi une base idéale, notamment pour des mélanges où les saveurs herbacées et végétales prennent la lumière. Associez-le à un tonic léger, un zeste de citron bio ou encore une branche de thym fraîche, et vous obtiendrez un verre qui respire la Méditerranée.
Finalement, la véritable particularité de la distillerie du Pic Saint-Loup dans l’univers du gin botanique réside dans sa capacité à capturer l’essence même du Languedoc. Son gin est bien plus qu’un spiritueux. C’est une évocation liquide de ce qui fait l’âme de ce territoire : le soleil, le vent, la roche, et cette végétation odoriférante qui invite à ralentir et à respirer. Alors, la prochaine fois que vous croisez une de leurs bouteilles, n’hésitez pas une seule seconde à tourner son bouchon : derrière, c’est toute une région qui s’ouvre à vous.